Apollophane (médecin)

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Apollophane
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Apollophane est un médecin grec du début du IIe siècle av. J.-C.

Biographie[modifier | modifier le code]

Un médecin de cour chez les Séleucides[modifier | modifier le code]

Originaire de Séleucie de Piérie[1], Apollophane, fils d'Apollophane, est un disciple d'Érasistrate[2], et le médecin personnel de plusieurs rois séleucides dont surtout Antiochos III. Il avait été auparavant le médecin de son père, Séleucos II, et de son frère, Séleucos III[3]. Sur la base d'une lecture d'une inscription de Iulia Gordos on a cru voir en lui le premier médecin connu portant le titre d'archiatros[4],[3], mais la lecture du terme n'est pas assurée et a été abandonnée par l'éditeur de l'inscription[5].

Son action politique comme "ami" d'Antiochos III[modifier | modifier le code]

Habile conseiller, présent à la cour depuis longtemps, il avertit, en -220, le jeune roi Antiochos d'un complot fomenté contre lui par Hermias[6], son premier ministre, afin de s'en débarrasser après son comportement cruel envers le peuple, comportement dont personne n'osait se plaindre. Hermias fut assassiné par la suite du roi, lors d'une promenade prétexte. Une lettre d'Antiochos III à l'Asclépéion de Cos et faisant l'éloge d'Apollophane a été conservée sur une inscription grecque[7],[8]. En -219, Polybe le présente comme un "ami" du roi présent au conseil décidant de la reprise de Séleucie de Piérie[1]. On sait aussi que le médecin suivait le roi dans ses campagnes militaires[3] : l'inscription de Iulia Gordos en témoigne et peut être rapportée à une campagne ayant eu lieu contre Achaios entre -216 et -213, ou en -204/-203 contre la Carie et l'Ionie, ou encore en -197/-196, ou enfin lors de la campagne de Magnésie du Sipyle en -190/-189[9].

Un personnage à distinguer d'un ambassadeur en Béotie[modifier | modifier le code]

Maurice Holleaux avait voulu le reconnaître dans un Apollophane d'Antioche figurant comme proxène dans deux inscriptions de Béotie, bien qu'originaire de Séleucie, Apollophane serait ensuite devenu citoyen d'Antioche[10],[11]. Cet Apollophane avait fait partie, en -192, d'une ambassade envoyée par le roi auprès des Béotiens[12]. Il fut ensuite fait proxène de la confédération béotienne[13]. Les inscriptions de Cos et de Iulia Gordos découvertes postérieurement imposèrent cependant de distinguer les deux personnages nommés Apollophane car non seulement ils se rapportaient à une cité différente mais avaient un patronyme différent[9],[14].

Postérité historique et médicale[modifier | modifier le code]

Un médecin surtout connu par Polybe[modifier | modifier le code]

À la suite du rôle visible d'Apollophane de Séleucie dans le livre V des Histoires de Polybe, on a pu supposer qu'il avait été l'auteur d'une œuvre historique qui aurait été une source de Polybe[15], mais l'hypothèse a été réfutée[16],[8].

Postérité médicale[modifier | modifier le code]

Apollophane est connu par plusieurs recettes de médicaments et peut figurer parmi les médecins ayant contribué à l'élaboration de la recette de la thériaque[17],[18].

Sur la base de deux monnaies smyrniotes au nom d'Apollophane, on a voulu en faire autrefois le fondateur de l'école médicale de Smyrne, encore réputée au temps de Strabon[19], il fut par la suite montré que ces monnaies n'avaient aucun rapport avec le médecin[20]. En revanche, selon Gabriele Marasco, l'intérêt du bibliothécaire d'Antioche, Euphorion, pour la médecine, pourrait s'expliquer par l'influence d'Apollophane[3].

On considère en général qu'il faut l'identifier avec le médecin Apollophane cité par de nombreuses sources médicales tardives.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Polybe, V, II, 58
  2. Caelius Aurelianus
  3. a b c et d Marasco 1996, p. 446
  4. J. et L. Robert, Bull. ép. 1971, n° 600, inscription de Iulia Gordos
  5. Hermann 1974
  6. Polybe, V, II, 56
  7. SEG XXXIII, 673
  8. a et b Marasco 1996, p. 445
  9. a et b J. et L. Robert 1971, 600
  10. Holleaux 1892, p. 471
  11. Nachtergael 1975
  12. Polybe, XX, 2 ; la liste des ambassadeurs est déduite de la liste des proxènes donnée par IG VII, 518, un décret de Tanagra
  13. IG VII, 2864, inscription de Mamoura, interprétée par Holleaux 1892, p. 470-471
  14. Savalli-Lestrade 1998b, p. 319, n°3
  15. Brown, 1961
  16. Schmidt 1964, p. 179, n.4
  17. Pline, HN, XXII, 29, 59
  18. Schol. Nicandr. Ther., 491
  19. Par exemple A.J.L. Jourdan, Dictionnaire des sciences médicales : biographie médicales, t. I, Paris, 1820, p.285-286
  20. Wellmann 1895, c. 166

Sources[modifier | modifier le code]

Sources épigraphiques[modifier | modifier le code]

- Hermann 1970 (J. et L. Robert, Bull. ép. 1971, no 600) ; Hermann 1974 ; TAM V, 1, 689, Iulia Gordos.

- Herzog 1983 (SEG XXXIII, 673), Cos.

Sources littéraires et médicales[modifier | modifier le code]

- Polybe, V, II, 56, 58.

- Celse, De medicina, V, XVIII, 6.

- Pline l'ancien, HN, XXII, 59.

- Galien, De comp. med. sec. loc., VIII, 9 (K. XIII, 220) ; De comp. med. per gen., V, 11 (K. XIII, 831) ; VII, 7 (K. XIII, 979).

- Oribase, Syn., III, 73 (Raeder, CMG VI 3, 1926, 87).

- Alexandre de Tralles, Ther., IX, 1 (Puschmann, t. II, 1879, p. 386-387).

- Paul d’Égine, III, 46, 6 (Heiberg, CMG IX 1, 1921, 253) ; VII, 18, 20 (Heiberg, CMG IX 2, 1924, 373).

- Caelius Aurelianus, Morb. acut., II, 136, 173 et 175 ; Morb. chron., II, 34 ; V, 14.

Références bibliographiques[modifier | modifier le code]

- M. Wellmann, "Apollophanes 15", RE, II, 1, 1895, c.165-166.

- M. Holleaux, "Notes d'épigraphie béotienne", BCH, 16, 1892, p. 453-4731 en ligne sur Persée).

- T.S. Brown, "Apollophanes and Polybius, book 5", Phoenix, 15, 1961, p. 187-195.

-H. Schmidt, Untersuchungen zur Geschichte Antiochos des Grossen und seiner Zeit, Wiesbaden, 1964.

- P. Herrmann, "Zur Geschichte der Stadt Iulia Gordos in Lydien", AÖAW, 107, 1970, p. 94-97, no 1

- P. Herrmann, "Ehrendekret von Iulia Gordos", "AÖAW", 111, 1974, p. 439, n. 2.

- G. Nachtergael, "Envoyés royaux d’époque hellénistique", Chronique d’Égypte, 50, 1975, p. 249-262, part. p. 259, no 133.

- R. Herzog, "Ein koischer Arzt am Ptolemäerhof, Kaphisophon Sohn des Leibarztes Philippos", Parola d. Pass., 38, 1983, p. 64, n°II.

- J.-M. André, "Un médecin de Cour hellénistique : Apollophane de Séleucie", Cahiers du centre George-Radet, 4, 1984, p. 29-43.

- A. Mastrocinque, "Les médecins des Séleucides", in H.F.J. Horstmanhoff, P.J. van der Eijk, P.H. Schrijvers éd., Ancient Medicine in its Socio-Cultural Context, vol. 1, Clio medica vol. 27, Brill, Leyde, 1995, p. 143-151.

- G. Marasco, "Les médecins de cour à l'époque hellénistique", REG, 109, 1996, p. 435-466 en ligne sur Persée.

- I. Savalli-Lestrade, Les philoi royaux dans l’Asie hellénistique, Genève, Droz, 1998b, no 22 et 27.

- I. Savalli-Lestrade, "Comment on écrit l'histoire hellénistique. À propos d'un livre récent sur la place des élites civiques dans le royaume séleucide", REG, 111, 1998b, p. 308-322 en ligne sur Persée.

- É. Samama, Les médecins dans le monde grec. Sources épigraphiques sur la naissance d’un corps médical, Genève, 2003, no 133, 233.

- C. Nissen, Prosopographie des médecins de l'Asie mineure pendant l'antiquité classique, Paris, 2006, p. 144-146, no 78.